[CHRONIQUE] La vie vue d’en bas de Stacey Lee
La vie vue d’en bas de Stacey Lee
Editions : Milan
408 pages
Paru le 17 Mars 2021
Aperçu : Atlanta, 1890, Jo est une jeune Chinoise, domestique le jour et chroniqueuse pour le journal de la ville la nuit. Elle tente de bousculer les mentalités et de trouver sa place dans une société profondément sexiste et raciste. Un roman historique et initiatique palpitant qui montre le combat de Jo pour sortir de la misère avec son père adoptif. Une héroïne inspirante dans un roman intelligent, tout en nuances, avec des personnages très travaillés, qui s'éloignent souvent des clichés dans lesquels on voudrait les enfermer.
Mon commentaire général : Un roman historique drôlement contemporain !
Ma note : 9/10
La citation qui résume tout : « Quelqu’un doit sonner la trompette du changement. Quelqu’un qui a observé la société depuis le haut et le bas de l’échelle. Quelqu’un comme… moi. » (p.49)
Mon avis (garanti sans spoiler) :
On a beaucoup parlé de La vie vue d’en bas, notamment à cause de cette couverture qui ne lui rend pas honneur.
Pourtant, ne t’arrête pas à cela et viens découvrir l’émouvante histoire de Jo.
Jo est une jeune fille d’origine chinoise qui vit à Atlanta en 1890. Si l’esclavage a (officiellement) été interdit, les personnes de couleurs continuent à être traités comme des gens de seconde zone, et les Chinois encore plus. Ni Blancs, ni Noirs, ils peinent à trouver leur place. Ainsi, Jo qui travaille comme modiste, est renvoyée parce que les clientes n’acceptent pas qu’une Chinoise leur tienne tête, même si elle est très douée pour confectionner de magnifiques chapeaux. Jo n’a plus qu’à reprendre son ancienne place de domestique chez les notables les plus riches de la ville et subir les brutalités de sa maîtresse. Comment faire pour se faire entendre quand on est une femme de couleur ? La réponse vient à Jo de l’endroit particulier où elle vit secrètement avec son père adoptif : dans le sous-sol d’un des journaux de la ville, où elle entend tout de la confection du journal. Sous le nom de Miss Sweetie, Jo propose une chronique acerbe sur la société d’Atlanta, qui ne tarde pas à révolutionner le statu quo…
La vie vue d’en bas est un roman poignant. D’une part parce qu’on s’y croit vraiment et qu’on subit aux côtés de Jo et de ses amies, les injustices dont elles sont victimes. En tant que Chinoises ou Noires, femmes surtout, elles n’ont droit que de se taire, mais n’ont pas l’intention de s’y conformer. J’ai aimé la pugnacité de Jo, son intelligence et son sens de l’observation, tout comme les personnages secondaires.
La plume est très fluide, ce qui fait que le roman se lit très facilement. Je n’ai pas vu défiler les pages, perdue dans l’histoire. J’ai aimé tous les sujets qui y sont abordés : racisme, misogynie, droit de mener sa vie comme on le sent, lutte des classes… D’autant plus, qu’à bien y réfléchir, la plupart d’entre eux sont toujours présents dans notre société contemporaine, comme si on n’avait pas tellement évolué en 130 ans…
En résumé, La vie vue d’en bas est un roman génial, bien écrit, aux personnages attachants. S’il est classé en jeunesse, il peut être lu par tous, tant ses thèmes sont universels et toujours actuels.
Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !
Mes commentaires non censurés :
Outre les sujets abordés précédemment, La vie vue d’en bas parle aussi de métissage et du sentiment de ne faire partie d’aucun clan.
Jo n’est finalement ni Chinoise ni Américaine. Elle ne parvient pas à se conformer aux traditions chinoises, sans pour autant pouvoir prétendre à la citoyenneté américaine.
Née d’une mère américaine, sur le sol américain, Jo est toujours considérée comme Chinoise et ne peut vivre pleinement sa relation avec Nathan.
A ce propos, j’ai trouvé cette romance très bien amenée et surtout j’ai apprécié la façon dont ils tombent amoureux. Jo connaît Nathan depuis toujours, à force de l’entendre, et c’est toute sa personnalité qu’elle aime. Quant à Nathan, c’est de l’esprit de Jo, à travers Miss Sweetie qu’il est tombé amoureux. L’apparence n’a finalement que peu d’importance.
Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Veux-tu connaître les dessous de la société américaine du XIXe siècle ?
Dis-le-moi en commentaire.
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