[CHRONIQUE] Vox de Christina Dalcher
Vox de Christina Dalcher
Editions : Nil
432 pages
Paru le 7 Mars 2019
Aperçu : Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…
Christina Dalcher nous offre avec Vox un roman dystopique glaçant qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.
Mon commentaire général : le début laisse sans voix…
Ma note : 7/10
La citation qui résume tout : « Réfléchis à ce que tu dois faire pour rester libre. » (p.30)
Mon avis (garanti sans spoiler) :
Quand on s’intéresse aux livres féministes, Vox fait souvent partie des livres cités, au même titre que La Servante écarlate. Les deux nous proposent une version alternative et glaçante de la réalité quand on est une femme.
Vox se déroule aux Etats-Unis, dans un futur indéterminé, mais très proche de notre époque. Après l’élection d’un nouveau président conservateur, les choses ont commencé à changer pour les femmes. Insidieusement, au départ, puis la véritable politique du Révérend Carl, le conseiller du Président, a été mise en place. Les femmes n’ont plus le droit de travailler, ni de lire, ni de posséder un ordinateur ou un téléphone. De toute façon, elle n’ont pas le droit de prononcer plus de 100 mots par jour, comptés par un compte-mot accroché en permanence à leur poignet. Le célibat est interdit, tout comme l’homosexualité.
Jean, auparavant docteure en neurosciences reconnue, est forcée de rester à la maison et de s’occuper de ses 4 enfants. Pourtant, quand le frère du Président est victime d’un grave accident et qu’il ne peut plus parler, les sbires du gouvernement viennent lui proposer de reprendre du service. Pour elle, c’est l’occasion de gagner quelques jours de liberté. Mais si l’enjeu était encore plus important ?
Le début du roman centré sur le quotidien de Jean dans cette cage dorée dans laquelle on enferme les femmes est tout simplement terrifiant. D’autant que l’autrice explicite clairement les mécanismes qui ont permis de réduire au silence la moitié de la population sans réveiller les consciences, tout comme elle montre l’endoctrinement des populations jeunes à travers les réactions du fils adolescent de la protagoniste. Sincèrement, c’est effarant.
Puis le roman prend une direction différente, focalisée sur les travaux de recherche en neurologie, et je me suis sentie moins emportée par le récit. L’autrice s’affranchit finalement assez vite des barrières qu’elle avait mises en place au départ. On se retrouve ainsi dans un thriller médical assez convenu, dont on devine aisément la fin.
Si j’ai plutôt bien aimé la plume, je n’ai pas réussi à m’attacher à Jean, qui m’a parue assez froide. Je n’ai pas suffisamment perçu ses sentiments. Son intelligence et sa logique, oui.
En résumé, Vox est un roman qu’on espère rester indéfiniment dans le genre science-fiction et ne jamais rejoindre le rayon roman contemporain. C’est pour cela qu’il faut lire les livres comme celui-ci et prendre conscience des mécanismes qui pourraient bouleverser notre vie.
Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !
Mes commentaires non censurés :
Ce qui fait le sel du roman, l’asservissement des femmes, est en fait rapidement relégué au second plan, bien après la recherche du sérum.
Le compte-mot de Jean disparaît très vite, tout comme son accès à l’extérieur, à un travail, à la liberté, si bien que cet aspect passe complètement à la trappe. Alors que l’équipe du Révérend aurait très bien pu l’emmener de force au laboratoire et la forcer à travailler pour eux, sans lui retirer son compte-mot, ni celui de Sonia. Vu leur peu de considération des femmes, j’ai été très surprise qu’on accepte ses conditions. Après tout, ils ont clairement les moyens de disposer des personnes qui leur posent des problèmes (Lin, Jackie, Julia…).
J’ai aussi trouvé très pratique que la formule du sérum soit déjà quasiment prête. Pourquoi Lorenzo, qui a toujours le droit de travailler, n’a-t-il pas poursuivi les recherches ? Certes, Lin et Jean étaient hors-circuit, mais il aurait pu mettre au point le sérum de son côté, sachant qu’il n’y avait plus qu’à le tester…
Concernant Lorenzo, je n’ai d’ailleurs pas vraiment cru à la romance entre l’Italien et Jean. Peut-être parce que rien dans leur attitude ne démontre de sentiments. D’attirance sexuelle, certainement, mais pas vraiment d’amour. J’ai plutôt pensé que Jean se raccrochait à lui et à sa proposition de quitter les USA avec lui par opportunisme.
Au final, Vox n’a joué avec mes émotions qu’au tout début, lorsque j’ai découvert à quoi pouvait ressembler la vie des femmes dans ce monde. Puis, j’ai presque oublié d’où on était parti et c’est dommage.
Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Penses-tu que cet imaginaire puisse un jour devenir réalité ?
Dis-le moi en commentaire.
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