Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora
Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora
Editions : ActuSF
261 pages
Paru le 20 Novembre 2018
Aperçu : Amaryllis a 16 ans et n’a jamais connu que la maison où elle est née, le domaine d’Esver, reculé, magnifique, mystérieux. Dans ce manoir qui tombe en ruines où elle vit seule avec sa mère austère, elle étudie la botanique avec l’espoir d’en faire son métier... Le jour où elles reçoivent une lettre du père annonçant la vente du domaine et le mariage forcé d’Amaryllis à un de ses associés, tout bascule. Pour échapper à ce destin, malgré les ombres qui hantent ses nuits, la jeune fille répondra-t-elle à l’aventure fantastique qui se cache derrière les portes fermées d’Esver ?
Mon commentaire général : Une fantasy gothique et sombre qui ne ressemble à aucune autre
Ma note : 7/10
La citation qui résume tout : « Esver est le monde des rêves, le monde imaginaire, le monde des créatures irréelles, de celles que l’on aimerait contempler comme celles sur lesquelles on ne voudrait jamais tomber. » (Chap. 5)
Mon avis (garanti sans spoiler) :
Les ombres d’Esver est un roman à part, dont l’ambiance gothique constitue presque un personnage à part entière.
Ecrit avec une très jolie plume, ce livre raconte l’histoire d’Amaryllis, une jeune fille de 16 ans, qui vit depuis dix ans enfermée seule avec sa mère dans leur manoir à l’abandon, avec pour seule distraction contre l’ennui la passion dévorante de sa mère pour la botanique et l’obsession de cette dernière à transmettre ses connaissances à sa fille dans le but de la faire entrer dans une prestigieuse école de botanique. Or le temps presse : le père d’Amaryllis a vendu le manoir et sa fille à son associé, qui viendra bientôt récupérer ses propriétés. La jeune fille n’entrevoit que la fuite comme solution mais il faudrait pour cela être capable de franchir les grilles d’Esver. Or la nuit, un autre monde s’éveille, dans lequel une vouivre agressive recherche à tout prix le joyau qui lui a été dérobé des années auparavant…
Le récit navigue entre cauchemars effrayants et réalité morose, à moins que les hallucinations ne fassent partie de la réalité… En fait, ce n’est pas vraiment clair, même pour le lecteur, qui ne sait jamais s’il oscille entre réalité et illusion, si tout ça n’est que la création d’un esprit dérangé ou la vérité, et c’est ça qui est original. D’ailleurs, après avoir refermé ma liseuse, je ne sais toujours pas quoi en penser…
Je me suis prise de sympathie pour Amaryllis, forcée de faire avec les obsessions de sa mère, ses hallucinations, ses combats nocturnes qui l’épuisent et son désir de bien faire malgré tout. C’est une jeune fille touchante et déterminée.
Il y a beaucoup de métaphores dans ce récit, sous la forme des ombres et des créatures qui peuplent Esver, mais aussi dans la finalité de l’histoire. C’est un combat contre les ombres de son enfance que livre Amaryllis, un passé douloureux dont elle peine à s’extraire.
En résumé, c’est un roman qui plaira aux lecteurs de fantastique qui aiment évoluer dans un monde à part, qu’ils ne comprennent pas toujours, et qui met en scène des personnages féminins qui n’ont que leur volonté pour se battre contre leurs ennemis.
Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !
Mes commentaires non censurés :
Je ne sais sincèrement pas quoi penser du monde imaginaire d’Esver. Hallucinations ou réalité ?
Le fait que les personnages du monde fantastique reprennent les traits des personnages du passé me ferait plutôt pencher pour des cauchemars, Amaryllis revivant en esprit la bataille contre son père, ce fameux soir où son frère s’est noyé en tentant de la sauver de la noyade. Le point de départ étant les histoires racontées par leur domestique un peu trop proche de leur mère. Amaryllis a entendu les paroles de sa grand-mère à sa mère, ce qui lui aurait fait imaginer Gersande en vouivre, à la recherche du joyau dont la vieille femme l’a privée.
Pourtant, il y a la fin, avec le manoir détruit, les invités qui ont vu la transformation, ce qui laisse penser que le monde fantastique existe bien.
J’avoue que je suis perdue, ne sachant vraiment pas quoi croire, ce qui me déroute un peu. J’ai tendance à préférer les explications claires, quand je ne reste pas dans le flou comme ici. Je suppose que c’est dû à mon esprit très cartésien, qui me fait certes apprécier le fantastique, à condition que je le comprenne et ici, ce n’est pas du tout le cas ! J’ai aimé le récit mais je reste donc sur ma faim.
Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Franchiras-tu les grilles d’Esver ?
Dis-le moi en commentaire.