[CHRONIQUE] NEED de Joelle Charbonneau
Editions : Milan
316 pages
Paru le 19 Octobre 2016
Aperçu : Les adolescents du lycée de Nottawa se réunissent tous sur Need, un nouveau réseau social qui leur promet de répondre à leurs besoins sous couvert d'un total anonymat, quels que soient ces besoins... Et quelles qu'en soient les conséquences. Car, c'est bien connu, on n'a rien sans rien. Et si au départ la contrepartie semble dérisoire, il y a bientôt des morts dans la petite communauté...
Mon commentaire général : Vous allez avoir besoin de finir ce roman…
Ma note : 8/10
La citation qui résume tout : « Votre requête a été prise en compte. Need va faire son possible pour que votre besoin soit satisfait. » (p.29)
Mon avis (garanti sans spoiler) :
Joelle Charbonneau est une autrice dont je lis régulièrement les publications. J’aime sa plume, sa façon de ne pas épargner ses personnages ni d’édulcorer son récit sous prétexte qu’elle écrit pour les adolescents. Son imagination est de plus sans bornes.
NEED répond parfaitement à ces caractéristiques et j’ai eu plaisir à retrouver cette autrice dans un genre différent de la SFFF sous laquelle on la connaissait en France.
NEED, c’est avant tout l’histoire de Kaylee, 16 ans, qui vit dans la petite ville de Nottawa. La jeune fille est assez isolée et mal vue car lorsque le syndrome néphrétique de son frère a été découvert, elle a forcé plusieurs personnes à faire tester leur compatibilité pour un don de rein. Et mettre les gens face à leurs responsabilités, ça n’est jamais très apprécié… Alors lorsqu’un nouveau réseau social, nommé NEED, recrute les élèves du lycée en leur promettant de leur offrir ce dont ils ont besoin, Kaylee n’hésite pas à demander un rein pour son frère quand d’autres réclament un nouveau téléphone. Or aucun don n’est jamais vraiment gratuit…
Comme toujours avec les livres de Joelle Charbonneau, ça se lit extrêmement bien, d’autant plus que c’est ici un thriller haletant, que les chapitres sont très courts et que l’autrice n’hésite pas à aller assez loin dans son propos. On pourrait croire que chacun est capable de comprendre que l’anonymat n’efface pas la responsabilité, mais que ne ferait-on pas pour une bonne note à son contrôle de physique (pas réviser, évidemment !). Le livre permet aussi de lancer le débat sur la différence entre envie et besoin, termes dont la société de consommation a flouté les définitions. Avez-vous besoin d’un sac de marque ou juste envie ? Ce concept me semble particulièrement pertinent à aborder avec la jeune génération pour qui la déconsommation va devenir une cruelle réalité.
L’autre aspect de ce roman qui pourrait décontenancer, c’est la multitude des personnages. Si Kaylee est celle que l’on retrouve le plus souvent, il y a aussi Nate, Sydney, Gina, Bryan, Ethan, Amanda, Sameena, Yvonne, Lynn et Hannah, qui ont chacun droit à des chapitres de leur point de vue. Pas de panique, on arrive très rapidement à les différencier et justement, voir les choses sous des angles variés permet d’entrevoir la portée du réseau NEED et les conséquences des actions de chacun.
J’ai trouvé dans NEED un thriller YA assez efficace, bien construit et pensé, qui fera réfléchir sur la portée des réseaux sociaux, le relatif anonymat qu’ils promettent et la notion de responsabilité, sujets brûlants toujours d’actualité.
Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !
Mes commentaires non censurés :
Encore une fois, j’ai été assez soufflée que Joelle Charbonneau aille jusqu’à faire disparaitre un grand nombre de ses personnages et c’est justement ça qui porte si loin le message du roman. Certains sont prêts à tout pour obtenir ce dont ils pensent avoir besoin, qu’il s’agisse d’un téléphone, d’argent ou d’une lotion contre l’acné. Le lecteur assiste, impuissant, à leurs actions, en comprenant le danger que cela représente, alors que les personnages ne se posent jamais la question. Déposer une boîte qu’on n’a pas le droit d’ouvrir devant la porte d’une maison ? Facile ! Echanger des pilules ? Pas de problème ! Abattre des chiens qui aboient ? Aucun souci ! Après tout, personne ne saura jamais qui l’a fait…
C’est là que le roman fait fort : en faisant comprendre que chaque acte a une conséquence, que chacun doit assumer sa responsabilité, sans jamais pointer du doigt mais en laissant le lecteur se faire sa propre opinion, l’autrice met chacun face à ses propres choix, pour peut-être changer les mentalités.
Quant à l’implication du gouvernement, c’était finalement l’explication un peu tirée par les cheveux, mais pourquoi pas ? Les méthodes de communication des grands groupes sont tellement brutales que je ne serai pas plus surprise que ça qu’on utilise une partie de la population pour des tests psychologiques dans ce genre… La vengeance personnelle du docteur Jain était plus tangible, d’autant plus envers Kaylee, dont elle accuse la famille d’avoir brisé la sienne. C’est la partie du roman que j’ai le moins aimée, parce que la résolution a été un peu rapide.
En tout cas, je ressors une nouvelle fois d’un roman de Joelle Charbonneau en ayant passé un bon moment de lecture, ce qui me donne évidemment envie de me pencher de plus près sur ses prochaines publications.
Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? De quoi as-tu besoin ?
Dis-le moi en commentaire.
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