[CHRONIQUE] Traqué, tome 1 : Cessez d'être la proie devenez le chasseur de Andrew Fukuda
Traqué, tome 1 : Cessez d'être la proie devenez le chasseur de Andrew Fukuda
Editions : Michel Lafon
360 pages
Paru le 4 avril 2013
Aperçu : Gene est l’un des derniers humains sur Terre. Le seul moyen de survie pour cet adolescent : se faire passer pour l’un de ses prédateurs. Ne pas rire, ne pas transpirer, ne pas montrer qu’il est un humain, un « homiféré ».
Cela fait dix-sept ans qu’il vit secrètement parmi ceux qui n’hésiteraient pas à le tuer s’ils découvraient sa véritable identité. Malgré tout, Gene est parvenu à se fondre parmi ces « autres » et à créer un semblant de vie normale. Mais sa routine est bouleversée, et sa sécurité, menacée, le jour où il est sélectionné pour participer au grand jeu : la Traque. Toutes les décennies, le gouvernement organise une immense chasse où seule une poignée de privilégiés peuvent pister, abattre et dévorer les rares humains survivants gardés en captivité pour l’événement. Formé à l’Institut pour traquer ses semblables, Gene est sur le qui-vive. Car désormais, sa vie s’organise en meute avec les chasseurs, et le moindre faux pas pourrait trahir sa condition et lui être fatal. Parviendra-t-il à maintenir l’illusion, alors que les soupçons sur sa vraie nature s’alourdissent ?
Mon commentaire général : ça partait pourtant bien…
Ma note : 6/10
La citation qui résume tout : « Voilà ce qui arrive quand on est un mets délicat. Une drogue dure. L’espèce s’éteint.»
Mon avis (garanti sans spoiler) :
Ne tournons pas autour du pot : si j’ai adoré le début, croyant sincèrement au coup de cœur, j’ai été très déçue par la suite…
Mais commençons par le commencement. Ce livre a une entrée en matière détonante : imagine un adolescent obligé de cacher sa vraie nature, dans une salle de classe bourrée de ses prédateurs ? Voilà le quotidien de Gene, « homiféré » parmi des créatures qui ne sont jamais nommées (mais qui vivent la nuit et mangent bien sanglant…), qui vit seul depuis que sa famille a été décimée. Cacher sa nature humaine est son calvaire, une nécessité pour ne pas finir en lambeaux sous leurs crocs acérés. Alors Gene est contraint d’imiter leurs mœurs sociales, ne doit pas se faire remarquer, ni transpirer, porte des faux crocs… et est terriblement seul. Or, s’il y a peu de divertissement dans ce monde apocalyptique, un évènement retient l’attention de tous : la Chasse Homifère qui a lieu tous les dix ans. Par un hasard très ironique, Gene est sélectionné pour faire partie des Chasseurs. Mais comment cacher sa vraie nature à l’Institut où on apprend à chasser les humains ?
J’ai beaucoup apprécié cet univers très sombre, non seulement parce que l’essentiel de l’action se déroule la nuit mais parce que c’est cruel, gore même, et qu’il ne fait pas bon être humain dans ce monde où des « vampires » ont pris le pouvoir. L’auteur a imaginé une population avec ses propres codes, ses interactions sociales, des caractéristiques physiques complètement novatrices. Et dans le paysage des créatures de la nuit, c’est compliqué de faire de la nouveauté !
La plume est de plus très agréable et j’ai éprouvé beaucoup d’empathie vis-à-vis de Gene, du moins au début du roman. Le problème, c’est qu’à partir du moment où il arrive à l’Institut, on perd complètement en crédibilité. C’est gore pour rien, l’histoire se perd en chemin, le suspense aussi, et une romance complètement tirée par les cheveux vu le contexte fait son apparition. Le récit gagne en facilité, les personnages se tirant de situations périlleuses par des moyens abracadabrantesques.
Bref, j’ai presque lu le dernier tiers en diagonale alors que j’étais rivée aux premières pages comme si ma vie en dépendait.
Par conséquent je ne lirai pas la suite et je le regrette car cette série aurait nettement pu marquer la littérature YA fantastique à mes yeux. Dommage.
Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !
Mes commentaires non censurés :
J’avais rarement vu un début de roman comme celui-là. Cette idée de cacher un humain parmi ses prédateurs est tout simplement géniale (même si on peut sincèrement se demander comment Gene parvient à ne pas se faire repérer quand on voit les capacités des créatures). J’ai sincèrement angoissé pour Gene, compris ses difficultés et sa solitude.
Mais dès la loterie qui le désigne lui (et qui fait un peu Hunger Games) et une de ses camarades de classe, elle aussi homifère, j’ai compris que le récit allait gagner en facilité et donc perdre en intérêt. Quelle était la probabilité que deux homiférés fassent partie des sept Chasseurs parmi toute une population ? Même si, à ce moment-là on ne sait pas qu’Ashley June est elle-aussi humaine, le fait que le crush de Gene soit de la partie annonçait déjà la future romance dont on aurait très bien pu se passer.
D’autre part, j’ai trouvé miraculeux que Gene ne soit pas démasqué plus tôt à l’Institut. Peut-être pas par les autres Chasseurs, qui n’ont jamais été en contact avec des homiférés, mais par le personnel de l’Institut, qu’on force à des contacts avec les captifs. La femme avec la robe à fleurs ou le directeur auraient dû le comprendre plus tôt.
Puis vient la Chasse Homiférée en elle-même, celle qu’on attend depuis le début du roman, et qui est clairement bâclée. Quelques pages d’un affrontement ridicule entre des prédateurs aux capacités surhumaines mis en déroute par des captifs maladroits avec des armes rudimentaires… Quelle déception ! Le combat était trop facile, comme la fuite, comme toute la fin en fait.
Même si la suite promet des rebondissements, avec les indications du Scientifique, je ne serai pas de la partie. Je pressens que le récit restera dans la facilité qui a marqué la fin de ce premier tome et je préfère me tourner vers des lectures plus matures.
Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Te cacheras-tu aussi bien que Gene?
Dis-le moi en commentaire.