[CHRONIQUE] Allegiant (Divergente Tome 3 : Au-delà du mur) de Veronica Roth
Ami Lecteur, si tu n’as lu ni les Tome 1 et 2, ça va bien évidemment spoiler pour toi... Je te redirige donc vers les articles Divergente Tome 1 ou Divergente Tome 2 au besoin.
Divergente Tome 3 (Allegiant) de Veronica Roth
Editions: Katherine Tegen Books (VO) , 544 pages, paru le 22 octobre 2013
Editions: Nathan (VF), 464 pages, paru le 15 mai 2014
Aperçu : Tris et ses alliés ont réussi à renverser les Érudits. Les sans-faction mettent alors en place une dictature, imposant à tous la disparition des factions. Plutôt que de se plier à ce nouveau pouvoir totalitaire, Tris, Tobias et leurs amis choisissent de s'échapper. Le monde qu'ils découvrent au-delà de la Clôture ne correspond en rien à ce qu'on leur a dit. Ils apprennent ainsi que leur ville, Chicago, fait partie d'une expérience censée sauver l'humanité contre sa propre dégénérescence. Mais l'humanité peut-elle être sauvée contre elle-même ?
Mon commentaire général : Affreux, affreux, affreux !!!
Ma note: 9.5/10
La citation qui résume tout: "People are just divided by different things, fighting different wars" [Les gens sont juste divisés par des choses différentes, combattant des guerres différentes] (traduction personnelle)
Mon avis (sans spoiler) :
La patience n’étant pas mon fort, je n’ai pas pu attendre la sortie du Tome 3 de Divergente en français et j’ai donc lu sa version originale, Allegiant, disponible depuis plus de six mois.
J’aime bien lire les versions originales, d’une part parce que ça me fait bosser mon anglais, et d’autre part parce que parfois les traductions sont tellement mauvaises que j’ai l’impression de lire un livre complètement différent...
Bref... Entrons dans le vif du sujet...
Dès que j’ai commencé ce livre, je ne l’ai plus lâché. Il faut dire que j’attendais avec impatience de voir comment allaient finir les aventures de Tris et Tobias. De plus, j’avais très envie de savoir ce qui les attendaient de l’autre côté de la Clôture. La bonne nouvelle est qu’en refermant le livre, il ne subsiste aucune interrogation sur la trame de l’histoire. Le livre soulève de nouvelles questions en soi mais j’y reviendrai dans mon commentaire non-censuré.
Ce livre présente une nouveauté par rapport aux deux premiers tomes : il écrit selon deux points de vue, Tris et Tobias. Cela permet d’apporter un éclairage différent sur les évènements et de suivre certaines actions qu’ils mènent séparément. Par contre, il m’est arrivé régulièrement de regarder le première page du chapitre pour savoir qui parlait. Leur style est identique et il était difficile de différencier les deux. Cela partait d’une bonne intention mais c’est un peu raté. Ceci dit quand on arrive à la fin du bouquin, on comprend immédiatement pourquoi il était indispensable d’avoir les deux points de vue. Je ne peux pas en dire plus sans faire de révélations (même si beaucoup de choses ont été dites sur le net, puisque le livre est sorti en anglais depuis six mois).
Les relations familiales sont approfondies: Tris avec son frère et ses parents, Tobias avec ses parents. Il ne fallait pour conclure cette trilogie.
Au niveau de l’action, j’ai été un peu déçue. Il y a quelques longueurs. Il y a beaucoup de paroles, d’explications, essentielles certes, mais je me suis un peu ennuyée par moment. Et quand l'action reprend vers le milieu du livre, ça s'enchaine et on arrive à ce final qui a tant fait couler d'encre.
La fin m’a laissée sans voix. J’ai cru à une manipulation de l’auteur, un retournement de situation qui allait s’expliquer dans les pages suivantes. Je suis perplexe. J’ai beau avoir lu les commentaires de l’auteur, je ne comprends pas pourquoi ça devait se finir comme ça.
Je termine ce livre avec un profond sentiment de tristesse et de gâchis, un grand vide, et le besoin de quelque chose de réconfortant (un bon thé et un petit gâteau, par exemple). J’avais adoré l’univers du premier tome, j’avais été exaspérée par le tome 2, je suis complètement bouleversée par celui-ci. J’ai l’impression que l’auteur veut nous inculquer une leçon de vie mais ce n’est pas ce que j’attendais de cette série. Je vais continuer à lire et relire le tome 1, pour moi le plus réussi. Et espérer que le hors-série « Four: A Divergent Story Collection », à paraitre le 8 juillet 2014, ne me décevra pas...
Bien évidemment, tout ceci n’engage que moi et je t’invite comme toujours, Ami Lecteur, à te faire ta propre opinion et à revenir en discuter dans les commentaires.
J’ai encore beaucoup de choses à te dire évidemment, mais sans me censurer cette fois-ci.
Mes commentaires non censurés (avec spoiler cette fois !) :
N’y allons pas par quatre chemins. Parlons tout de suite du fait marquant de ce tome : la mort de Tris. Mais pourquoi ? Pourquoi faire mourir le personnage principal ? Devant la levée de boucliers des lecteurs anglophones, Veronica Roth a expliqué son choix sur son blog (en anglais) : c’est ici. J’entends ses explications. Tris a compris la valeur du sacrifice, ce qu’elle n’avait clairement pas en tête dans le tome 2. On nous a seriné dans le tome 3 que sacrifier une vie pour sauver tous les autres était permis, surtout quand on se sacrifiait par amour... Une nuit de réflexion m'a fait comprendre que Veronica Roth veut nous montrer que le vrai courage n'est pas de se jeter volontairement dans la gueule du loup mais plutôt de prendre conscience de tout ce qu'on a à perdre mais y aller quand même. Et que l'altruisme est remarquable quand on se sacrifie pour des raisons valables, pour le bien du plus grand nombre et non pas pour effacer sa culpablilité. J'aurais préféré que Caleb meure, évidemment, mais je vois maintenant que son sacrifice n'aurait pas eu la même valeur, même si cela aurait contenté les lecteurs. Ceci dit, il existait certainement une fin alternative: Tris va dans le laboratoire d'armement, est blessée voire sérieusement parce qu'au bout d'un moment, on ne peut pas passer au travers des balles mais elle n'en meure pas.
En tout cas, je me rends compte que j’aurais dû le voir venir. J'avais deviné que Tris allait finir par prendre la place de Caleb, jouer les héros encore une fois, mais de là à en mourir... Non, je ne l’avais vraiment pas imaginé...
A ce moment-là, j’ai eu envie de poser le livre et d’arrêter. Parce que c’était trop. Un sacrifice de trop. Mais j’ai continué (et c'était difficile parce que lire avec les yeux embués de larmes, c'est un exercice de haute voltige), parce que j’attendais un retournement de situation, du genre, « mais non, on fait croire qu’elle est morte, mais c’est pour la protéger du gouvernement et on va la planquer quelque part très loin avec Tobias, et ils vivront heureux mais reclus jusqu’à la fin». La douleur de Tobias m’a fait mal. Je n’ai pas compris l’intérêt de le briser de cette façon-là.
Et puis je me suis demandé si ce n’était pas Tobias le personnage principal en fin de compte. Vu sous les yeux de Tris, qui l’a fait évoluer, prendre conscience de sa propre valeur, dans les deux premiers tomes, avant de prendre la parole à son tour dans celui-ci. Il se croyait Divergent, il ne l’est pas. Il est génétiquement déficient et cela lui rappelle que son père le traitait de bon à rien. Après avoir suivi des décisions discutables (sa participation dans le projet de Nita), il comprend qu’il ne doit pas se laisser entrainer mais prendre ses propres décisions. Ce qu’il permet à sa mère, montrant par là qu’il a grandi, et il arrête ainsi la révolution à Chicago. Il finit par trouver sa place en tant qu’assistant de Johanna Reyes, et je pense qu’il est fait pour ce job comme que je l’avais déjà remarqué dans le Tome 2. Je suis ravie qu’il n’ait pas pris le sérum de mémoire, je n’aurais pas supporté qu’il abandonne vraiment tout derrière lui, tout ce qui fait sa personnalité. Au final, il a perdu Tris mais il retrouve sa mère. Il est entouré d'amis, lui qui était si solitaire. La phrase finale montre qu’il a compris la valeur des interactions humaines et surtout, qu’il peut s’améliorer : « We can be mended. We mend each other » [On peut se réparer. On se répare les uns les autres.] Et j’ai adoré de voir que Quatre n’était pas tout fait mort. Son passage sur la tyrolienne le prouve. Il n’est pas prêt de recommencer mais il l’a fait, surpassant sa propre peur.
Finalement, nous n’aurons pas eu beaucoup d’informations sur Tori puisqu’elle meurt assez vite. Le coma puis la mort d’Uriah m’ont touchée. J’aimais ce personnage, j’aurais aimé qu’il soit plus développé. J’ai été surprise par la volonté de Peter d’effacer son passé avec le sérum de mémoire. Cependant l’épilogue montre qu’une partie de ses mauvaises tendances revient, ce qui tend à prouver que les caractéristiques d’une personne ne sont pas liées qu’à ses souvenirs.
Le final est terrible, c'est vrai. Et c'est tellement inattendu dans ce genre de littérature. J'aurais préféré une alternative mais je crois que je comprends sans admettre. "I suppose that a fire that burns that bright is not meant to last" [Je suppose qu'un feu qui brûle aussi fort n'est pas fait pour durer]. Il y a de quoi faire une suite, après tout Chicago et ses environs sont les seuls endroits où on croit à l'égalité entre les Génétiquement Purs et les Génétiquement Déficients, une suite centrée sur Tobias, mais j'espère que Veronica Roth ne le fera pas. Je ne vois pas ce que cela pourrait apporter de plus.
J’ai fait l’exercice de noter mes remarques au fur et à mesure de ma lecture mais la fin m’a tellement retournée que je n’en vois plus trop l’utilité. Je n’ai plus trop envie de discuter tel ou tel point de détail tellement je me sens vidée émotionnellement.
Si juste une question : Ami Lecteur, as-tu une idée de comment fonctionne le sérum de mort ? J’ai imaginé que ça devait agir comme une sorte de simulation qui ordonnerait au cerveau de couper les fonctions vitales ou un truc comme ça, ce qui fait que les Divergents ou Génétiquement Purs peuvent le combattre. Parce que si c’est un poison chimique, ça n’a pas trop de sens... On a bien vu que Tris n’est pas invincible...
Et toi, Ami Lecteur, qu’en as-tu pensé? Dis-le-moi en commentaire.
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