[CHRONIQUE] Ainsi fleurit le mal de Julia Heaberlin

Ainsi fleurit le mal de Julia Heaberlin

Editions : Pocket

512 pages

Paru le 12 Avril 2018

Aperçu : « J'ai toujours pensé que la mort avait quelque compte à régler avec moi. »

À seize ans, Tessa est retrouvée agonisante sur un tas d'ossements humains et au côté d'un cadavre, dans une fosse jonchée de milliers de marguerites jaunes aux yeux noirs. Partiellement amnésique, seule survivante des « Marguerite » – surnom que les journalistes ont donné aux victimes du tueur en série –, elle a contribué, en témoignant, à envoyer un homme dans le couloir de la mort. Terrell Darcy Goodwin, afro-américain, le coupable parfait pour la juridiction texane.

Presque vingt ans ont passé. Aujourd'hui, Tessa est une artiste et mère célibataire épanouie. Si elle entend parfois des voix – celles des Marguerite qui n'ont pas eu sa chance –, elle est toutefois parvenue à retrouver une vie à peu près normale. Alors, le jour où elle découvre un parterre de marguerites jaunes aux yeux noirs planté devant sa fenêtre, le doute l'assaille... Son « monstre » serait-il toujours en cavale ? La narguerait-il ?

Mon commentaire général : Une bonne idée, mal exécutée…

Ma note : 6/10

La citation qui résume tout : « C’est moi qui détiens les réponses. » (p.387)

Mon avis (garanti sans spoiler) :

J’adore la couverture d’Ainsi fleurit le mal, si représentative de l’histoire.

Lorsqu’elle avait 17 ans, Tessa a disparu. On l’a découverte plus tard dans une fosse recouverte de marguerites jaunes, en compagnie du cadavre d’une jeune fille et d’ossements. Elle est ainsi devenue la « Marguerite » survivante, la seule capable d’envoyer le meurtrier des quatre autres en prison. Or, elle ne s’est jamais souvenue de rien. La thérapie n’a eu aucun effet et c’est sans conviction qu’elle a témoigné au procès de l’homme qui a été arrêté. Dix-sept ans plus tard, alors que l’exécution est proche, elle est décidée à collaborer avec des experts scientifiques et un avocat pour le faire innocenter. Or, la pression monte, et les souvenirs ne reviennent toujours pas…

Ce roman avait, au premier abord, tout pour me plaire. Un thriller psychologique axé du côté de la victime et de ses traumatismes. Une épée de Damoclès. Un compte à rebours vers la vérité.

La plume est de plus agréable, tout comme les explications scientifiques très claires et un exposé factuel de la peine de mort.

Pourtant, j’en ressors plutôt déçue.

La faute au rythme, tout d’abord. Comme souvent, tout se dénoue dans les dernières vingt pages, sauf que d’énormes blancs subsistent. Le reste est assez mou, alternant entre le passé et le présent, sans que rien n’avance vraiment.

Et puis, il y a Tessa. Je ne l’ai pas comprise. Tantôt elle veut sauver la vie d’un homme, d’autant qu’elle se sent menacée à son tour, mais ne va pas pour autant au bout de ses démarches. On peut comprendre le poids de ses traumatismes. Pourtant, elle en devient incompréhensible. On ne sait pas si elle veut vraiment connaître le fin mot de l’histoire.

Je n’ai pas vraiment senti la pression du temps qui passe, ni les émotions des personnages. En fait, je suis restée très en dehors de cette histoire, presque déconnectée.

En résumé, Ainsi fleurit le mal est construit sur une excellente idée, mal exploitée. Il a manqué des explications, une vraie fin, et plus de combattivité de son héroïne pour que la recette fonctionne sur moi.

Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !

Mes commentaires non censurés :

Ce qui m’a le plus perturbée dans ce roman, c’est l’attitude de Tessa.

Même après son enlèvement, il ne paraît pas prépondérant à Tessie de raconter correctement son histoire. Elle cache des choses à son entourage, ne leur dit pas tout ce dont elle se rappelle, refuse l’hypnose parce que cela crée parfois de faux souvenirs (et pas parce qu’elle ne veut pas se rappeler). Bref, elle n’est pas coopérative, ce qui interroge sur sa volonté de faire arrêter le vrai meurtrier.

Pour quelqu’un qui vient de subir un évènement aussi traumatique, elle ne semble pas se préoccuper de sa sécurité.

L’autre point déstabilisant, c’est l’importance de Lydia dans tout le récit. Tout revient toujours à elle, sans qu’on comprenne pourquoi. Evidemment, à la fin, son implication est limpide, mais je me demande si Tessa n’en avait pas conscience avant. Sinon, pourquoi toujours parler de cette amie qui s’est volatilisée des années auparavant ?

Enfin, je n’avais pas du tout deviné l’identité du meurtrier. Je soupçonnais d’ailleurs plus le père de Lydia. Quand il y a si peu de personnages dans un thriller, on a vite fait le tour de ceux qu’on nous présente. Le docteur ne m’a jamais effleuré l’esprit, peut-être parce qu’il m’a paru insignifiant. Or, pour un psychopathe dans son genre, qui a tué plusieurs jeunes filles, qui va jusqu’à se mettre en avant dans l’affaire en cours, cela montre un esprit d’une extrême arrogance qu’on ne retrouve pas dans ses interventions. Pour moi, la psychologie du meurtrier n’a pas été assez travaillée. D’ailleurs, il reste énormément de blancs le concernant. On ne saura pas comment Lydia en est venue à le soupçonner, ni comment il a pu rester en dehors du radar toutes ces années.

Bref, Ainsi fleurit le mal manque pour moi d’aboutissement.

Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ?  Aimes-tu les marguerites ?

Dis-le moi en commentaire.

Comments

[Audrey]

Il avait l'air tentant, mais à la lecture de ton avis, pas certaine de tenter, l'héroïne semblant bien exaspérante !