[CHRONIQUE] Je ne meurs pas avec toi ce soir de Kimberly Jones et Gilly Segal

8 juillet 2020

[CHRONIQUE] Je ne meurs pas avec toi ce soir de Kimberly Jones et Gilly Segal

Je ne meurs pas avec toi ce soir de Kimberly Jones et Gilly Segal

Editions : Milan

232 pages

Paru le 24 Juin 2020

Aperçu : Campbell Carlson et Lena James ne sont pas amies.

Avec son style d’enfer et son petit ami canon, Lena est la star du bahut. Quant à Campbell, nouvelle au lycée McPherson, son objectif est simple : terminer l’année sans se faire remarquer.

Pourtant, c’est ensemble que Lena, noire, et Campbell, blanche, se retrouvent au cœur d’une émeute raciale à la suite d’un match qui tourne mal.

Quand la situation dérape totalement et s’étend à toute la ville, les deux jeunes filles n’ont plus qu’une solution : fuir.

Réussiront-elles à se faire assez confiance pour survivre ?

Mon commentaire général : Un roman au sujet brûlant d'actualité

Ma note : 6/10

La citation qui résume tout : « Il y a un truc dans l’air ce soir. » (p.101)

Mon avis (garanti sans spoiler) :

Je ne meurs pas avec toi ce soir est l’un des romans de 2020 que j’attendais le plus. Son sujet brûlant en fait un livre d’actualité indispensable.

Il met en scène deux jeunes filles que tout oppose mais, réunies par des circonstances dramatiques. Il y a d’un côté Lena, au look travaillé, qui rêve de devenir styliste. De l’autre, Campbell, la nouvelle, qui désire se fondre dans la masse pour faire oublier qu’elle est seule. L’une est noire, l’autre, blanche. Lorsqu’une bagarre éclate à la fin d’un match de football, à cause d’une insulte raciste, Lena et Campbell doivent collaborer pour fuir le lycée. Alors qu’elles tentent de rejoindre le petit ami de Lena en ville, elles observent, impuissantes, la colère gronder et les émeutes se déclarer…

Ecrit à quatre mains, le roman alterne les points de vue de Campbell et Lena, avec une plume fluide et vivante. Cela permet au lecteur d’appréhender parfaitement les préjugés et la méfiance qui règnent chez les deux jeunes filles. On assiste également en direct à la naissance d’une émeute, de l’étincelle qui met le feu aux poudres. Cette partie semblait très réaliste.

J’ai trouvé l’intrigue bien menée. Chacun des personnages garde son objectif en tête, ce qui constitue un fil rouge très clair pour le lecteur.

Pourtant, il m’a clairement manqué des émotions. Même si le roman est raconté à la première personne, je n’ai pas ressenti les sentiments de Lena et Campbell. Elles doivent avoir éprouvé de la peur, de la colère ou de l’incompréhension, mais cela ne se ressent pas dans le récit. L’action domine clairement, ce qui m’a laissée en position de spectatrice. J’ai regardé Lena et Campbell faire face à la violence, sans les accompagner.

C’est dommage, car le livre étant très court, des pages supplémentaires pour nous communiquer leurs émotions n’auraient pas été superflues, voire même nécessaires.

Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !

Mes commentaires non censurés :

En refermant le roman, je ne me sens pas plus attachée aux deux jeunes filles qu’à la lecture du résumé. On sait qu’on va assister au choc de deux mondes, et des préjugés qui leur sont liés.

Lena pense que puisque Campbell est blanche, elle est forcément riche. Campbell a une mauvaise opinion du cousin de Lena et de ses amis, parce qu’ils sont noirs et trainent dans un parc. Et bien d’autres…

A la fin, elles parviennent à réviser leurs jugements et à passer outre leurs idées reçues pour laisser leur amitié, fondée dans la douleur, s’exprimer. J’aurais d’ailleurs apprécié un épilogue, pour savoir ce qu’il advenait d’elles par la suite.

Pourtant, je ne me sens pas proche d’elles, même après avoir passé quelques heures en leur compagnie. Je n’ai retenu que quelques détails sur chacune d’elle, ce qui ne suffit pas à s’attacher à un personnage. C’est d’autant plus regrettable que ce sont elles qui nous racontent les faits, avec leur voix. Mais c’est peut-être ça, le problème. Elles nous racontent des faits, très réalistes d’ailleurs, mais pas leurs émotions, ce qu’elles ressentent face à tout cela. Je n’ai pas tremblé, ni pleuré, avec elles. Il faut dire qu’elles non plus.

Une émeute, c’est de la violence, mais surtout une manifestation d’un trop plein d’émotions. Les gens sont en colère, ils ont peur, ils sont désespérés. C’est cela que je voulais ressentir avec eux.

Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Es-tu déjà entré de plein pied au cœur d’une émeute ?

Dis-le moi en commentaire.

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