[CHRONIQUE] Enclave, tome 1 de Ann Aguirre

Enclave, tome 1 de Ann Aguirre

Editions : Le livre de poche

314 pages

Paru en 2015

Aperçu : La guerre. Les épidémies. En un mot : l’apocalypse. La surface de la terre est devenue inhabitable.

Les rares survivants se sont réfugiés dans le monde d’En-Dessous, à l’abri d’enclaves souterraines reliées par des tunnels. Trèfle a toujours connu la loi de l’enclave. Elle y a toujours obéi sans discuter.

Elle est devenue Chasseuse. Le rêve de sa vie. Avec Del, son coéquipier, elle se voit investie d’une nouvelle mission : protéger l’enclave de la menace constante des Monstres anthropophages qui errent En-Dessous. Mais si Trèfle est docile, elle n’est pas aveugle. Et le courage qu’elle mettait au service de la loi qui régit la vie dans son enclave va l’entraîner à se rebeller. Car au nom de cette loi, les Anciens condamnent des innocents. Après le massacre d’une enclave voisine, Trèfle fait une découverte qui lui glace le sang : les Monstres sont devenus intelligents.

Pourtant, les Anciens ignorent ses avertissements. Pire, pour la faire taire, ils s’en prennent à l’un de ses amis. Trèfle n’y tient plus. Elle prend sa défense. Mais en se dénonçant pour un crime que personne n’a commis, elle est bannie avec Del. Cet exil vaut une condamnation à mort. Malgré cela, Del va lui apprendre que les mensonges des Anciens vont encore plus loin que ce qu’elle croyait, et que l’espoir brille peut-être au bout du tunnel…

Mon commentaire général : J’en suis sortie !

Ma note : 4/10

La citation qui résume tout : « Les ennuis menaient à l’exil, et l’exil à des choses abominables. » (p.21)

Mon avis (garanti sans spoiler) :

Ce premier tome de la trilogie Enclave trainait dans ma PAL depuis bien longtemps, et pour cause : la première traduction française de cette série date de 2013 ! Et du fait, je crois que ce roman fait partie de ma liste des « livres que j’aurais dû lire tout de suite » car, peut-être parce que j’en ai déjà trop lu dans ce genre ou que je suis devenue plus exigeante avec l’âge le temps, je n’ai pas vraiment apprécié ma lecture.

Cela tient tout d’abord à la plume. Les phrases sont très courtes. Sujet verbe complément. J’exagère à peine. Du coup, il est compliqué de faire passer des émotions par ce biais, sauf talent extrême, et je n’ai rien ressenti des sentiments de Trèfle, l’héroïne. Pourtant, il doit s’en passer des choses à l’intérieur d’elle, avec tous ces Monstres qui lui courent après et toutes les aventures qui lui arrivent !

Trèfle vit dans une communauté souterraine, une Enclave, dans laquelle chacun occupe un rôle bien défini. Celui de Trèfle est Chasseuse, ce qui signifie qu’elle parcourt les tunnels inlassablement à la recherche de nourriture, en tuant les Monstres, des espèces de zombies, qui y vivent. Or à la suite d’une bévue, Trèfle et son coéquipier Del sont pris en grippe par les dirigeants de l’Enclave, et finalement exilés, ce qui n’est rien d’autre qu’une condamnation à mort. Car qui pourrait survivre dans les tunnels, sans nourriture, avec les Monstres comme seule compagnie ? Eh bien, peut-être Del, qui n’a pas toujours vécu là et qui sait donc que les Aînés racontent des mensonges…

Sur le papier, ce résumé est très attirant, mais la réalisation ne m’a pas convaincue. Outre ce manque d’émotions dont j’ai déjà parlé et qui rend Trèfle froide comme la glace, le récit est très linéaire. Une difficulté surgit, les personnages la règlent (en général plutôt facilement) puis continuent leur petite vie tranquille, jusqu’à ce qu’une autre embûche se présente, etc. Le récit m’a également paru un peu distordu niveau temporel, ou bien c’est la narration qui fait qu’on a l’impression que des évènements d’un jour durent des mois et inversement.

En fait, Enclave est une dystopie qui m’aurait peut-être plu à sa sortie, quand je n’en avais pas encore lu une dizaine dans le même genre. L’angoisse de l’obscurité et de la dangerosité des tunnels crée une ambiance assez particulière qui est à saluer, mais pour le reste, la nouveauté n’est pas au rendez-vous et le roman me semble plutôt bien adapté pour un public jeunesse.

Par conséquent, j’ai décidé de ne pas lire la suite et de continuer à farfouiller dans ma PAL, dans l’espoir de tomber sur une perle rare que j’aurais pu égarer.

Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés... Attention spoilers ! Si tu ne veux pas en savoir plus sur l'histoire, arrête-toi ici !

Mes commentaires non censurés :

En plus de ces difficultés que j’ai rencontrées à la lecture, je n’ai pas du tout réussi à m’attacher à Trèfle que j’ai même trouvée plutôt insupportable. Beaucoup trop naïve au sein de l’enclave, prête à croire chaque parole qui sort de la bouche des Aînés, elle comprend beaucoup trop facilement que tout n’est que mensonge. Elle n’a pas de moment de doute. En fait, elle passe de l’état où elle porte une confiance aveugle aux Aînés à celui où elle suit aveuglément Del. Trèfle n’est à mes yeux qu’une suiveuse qu’on veut faire passer pour un leader et cela me gêne.

Dans le même genre de simplification, on peut parler de la survie de Del et Trèfle Au-Dessus. Il ne m’a pas paru invraisemblable que Del s’en sorte bien. Après tout, il s’est débrouillé seul quelques années. Mais Trèfle qui n’a connu que l’enclave s’en sort étonnamment bien, malgré tout ce qu’elle ignore. Elle a aussi une chance inouïe pour trouver vêtements, bouteilles d’eau et boîtes de conserve, alors qu’on aurait pu penser que les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont pas été évacués, auraient pensé à tout fouiller pour récupérer les biens d’intérêt. Il faut croire qu’une porte fermée les arrête…

J’apprécié que l’autrice ait mené un vrai travail de recherche concernant une situation post-apocalyptique. J’aurais seulement préféré qu’elle y ajoute un peu de réalisme. Comment Pearl a-t-elle pu survivre seule pendant plusieurs années dans son bunker sans jamais en sortir ? Son arrière-grand-père avait-il vraiment rassemblé autant de provisions pour tenir des années entières ?

Je n’ai pas non plus compris l’intégration de Bandit dans le groupe. Trèfle s’en méfie pendant un laps de temps très court. Après tout, ce n’est qu’un violeur avec de bonnes aptitudes au combat, rien de dangereux, non ? Si ?

Bref, pour un roman qui a soi-disant été écrit sous couvert d’exactitude scientifique, il manque clairement d’ancrage dans le réel, dans la psychologie humaine, et c’est peut-être ça le volet qui a été oublié : les réactions et les sentiments.

Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ?  Entreras-tu dans l’Enclave?

Dis-le moi en commentaire.