Jours Parfaits

Jours Parfaits de Raphael Montes

Editions: Les Deux Terres

263 pages

Paru le 11 février 2015 

Chroniqué dans le cadre de Masse Critique pour Babelio.

Aperçu : Téo, étudiant en médecine légale, passe le plus clair de son temps au laboratoire de la faculté. Il ne s'intéresse pas aux femmes, sauf celles qu'il dissèque. Jusqu'au jour où il rencontre Clarice, dont il devient obsédé au terme d'une brève rencontre. Lorsque Téo apprend que Clarice va quitter la ville pour plusieurs mois, il ne voit qu'une solution pour éviter la séparation: la kidnapper, la droguer et la séquestrer loin de tous et de tout. Ainsi il pourra lui prouver, lentement mais sûrement, qu'ils sont faits l'un pour l'autre, en s'assurant que rien ni personne ne vienne troubler le cours de leurs jours parfaits.

Mon commentaire général : Toi qui ouvre ce livre abandonne toute espérance...

La citation qui résume tout : "ce qui t'habite, c'est une passion morbide, une maladie, une obsession. Tout sauf de l'amour."

Mon avis (sans spoiler) :

Avant d'ouvrir ce livre, je n'avais jamais entendu parler de Raphael Montes, valeur montante de la littérature brésilienne. 

Pour son deuxième roman, ce jeune auteur mélange romance et thriller, enfin si on aime les romances un peu tordues. Présenté du point de vue de Téo, le récit nous fait directement entrer dans la tête d'un psychopathe à la technique de drague infaillible: si une fille vous résiste, il vous suffit de l'enlever, la droguer, la trimballer dans une valise pour l'emmener dans des endroits isolés et attendre qu'elle tombe éperdument amoureuse de vous. Pour ne rien enlever au suspens, je ne dirai pas si ça marche ou pas. Tu peux lire le livre pour le savoir ou essayer toi-même, à toi de voir...

Au fur et à mesure des pages, je me suis sentie aspirée dans une espèce de tornade infernale, en me disant à chaque nouvel évènement que cette fois-ci on avait atteint le summum de la cruauté, et puis je tournais la page et c'était reparti pour un tour... Jusqu'à la fin qui m'a laissée complètement ahurie. Mais pas dans le bon sens. La conclusion du récit est extrêmement tirée par les cheveux et très surprenante. En règle générale, j'aime être surprise, à condition que les faits soient plausibles. Ici ça m'a donné une impression d'inachevé, comme si l'auteur avait voulu terminer son récit vite fait, bien fait, en apportant une conclusion, même peu réaliste. Peut-être qu'une fin plus ouverte aurait mieux fonctionné.

C'est dommage parce que le reste du récit m'a vraiment fait froid dans le dos et que la fin m'a laissée sur une note amère me ramenant brutalement à la réalité.

En tout cas, pour un deuxième roman, c'est du bon boulot, et Raphael Montes va figurer en bonne place sur la liste de mes auteurs à suivre.

Et maintenant, passons à mes commentaires non censurés et j'ai plein de choses à dire... Attention spoilers!

Mes commentaires non censurés :

Ce roman est avant tout une histoire d'oppositions, mise en scène par les différences flagrantes des deux personnages principaux.

Téo est un jeune homme à la vie réglée comme un métronome. Il n'a pas d'amis, ne sort pas, ne boit pas. Son seul intérêt est la médecine (et Gertrudes, sur laquelle il pratique la médecine). Il ne parle qu'avec sa mère handicapée avec laquelle il vit.

Au contraire Clarice est une jeune femme irréfléchie, une fêtarde qui ne sait pas vraiment où elle va dans la vie et qui essaie un peu tout ce qui se présente à elle.

Il était donc évident qu'une histoire d'amour entre ces deux personnages était absolument impossible. Et pourtant Téo y croit, peut-être parce que ses rapports avec les filles sont extrêmement limités.

J'aurais aimé que les rapports entre eux soient plus développés avant que Téo n'agresse Clarice et l'enlève, car au final, il ne se passe que quelques jours entre la fête d'anniversaire et l'enlèvement. Sur un récit de 260 pages, l'auteur aurait pu nous faire languir un peu plus, quitte à rajouter une dizaines de pages.

Outre ses violentes altercations avec Clarice (et on la comprend!), Téo doit à présent combattre le monde entier: les nains de l'hôtel, la vieille Gertrudes, Breno, l'inspecteur, Helena, Patricia... Pourtant il ne perd jamais son sang-froid et sait se sortir de n'importe quelle situation. Et ça, c'était un peu trop gros. Je crois que le pompon revient à l'amnésie de Clarice, fort-à-propos pour lui éviter la prison. Mais qui a autant de chance?

Je m'attendais à une fin plus conventionnelle, c'est vrai: Téo se tue ou tue Clarice, pris ou pas par la police d'ailleurs, les deux alternatives étant envisageables. Mais là, Téo a droit au "bonheur" alors qu'il a séquestré sa femme avant de la paralyser en lui sectionnant la moelle épinière. C'est complètement immoral et ça m'a fait bondir. C'est peut-être l'effet voulu par l'auteur, et dans ce cas, ça marche, mais ça me laisse un goût amer qui m'empêche d'apprécier pleinement ce livre qui m'a pourtant profondément remuée, tant l'enchainement des évènements était plausible jusqu'à ce passage (si on a évidemment la chance d'un gagnant du loto...).

Au final, je ne sais pas si j'ai aimé ou pas ce roman mais je ne suis pas contre lire le prochain ouvrage de ce jeune auteur dont on risque d'entendre parler à l'avenir, ne serait-ce que parce que Jours Parfaits va être adapté au cinéma. 

Et toi, Ami Lecteur, qu’en penses-tu ? Dis-le-moi en commentaire.